LGBT Japan: Past, Present, Future

Posted: 4 octobre 2016 à 15 h 42 , by ROM
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Pendant que la Fierté Toronto resplendit comme la chaleur de l’été, venez admirer Troisième genre : Les éphèbes dans les estampes japonaises. L’exposition à l’affiche arrive à point nommé, et vous apprécierez la climatisation.

Je m’appelle Josiah Ariyama et je travaille comme stagiaire pour Asato Ikeda, le commissaire de Troisième genre. J’ai d’abord grandi à Terre-Neuve et en Nouvelle-Écosse, et je n’ai jamais cru, même en rêve, qu’à 16 ans à peine, je passerai un an au Japon comme jeune ambassadeur. Cette expérience a été la plus formative de ma vie, car j’étais non seulement maigre, boutonneux et craintif, mais je devais aussi en outre apprivoiser mon homosexualité. 

Après une brève année passée sans avouer mon homosexualité, mon acné a disparu, je me suis lancé dans les sports et la mode, et je suis revenu dans mon Canada rural plus confiant que jamais, prêt à déclarer ma fierté gaie. Je suis devenu porte-parole au sein de ma collectivité en créant une alliance entre gais et hétéros, premier groupe du genre dans mon comté. La réception a été des plus favorables. Les étudiants gais et des douzaines de sympathisants sont venus, accueillis à bras ouverts dans les équipes de sport, et dans l’école de danse, les couples homosexuels étaient les bienvenus.

Cette eau aurait elle réellement des vertus?​

À la fin de mon séjour, j’étais totalement transformé.​

Des années plus tard, tandis que j’étudiais l’histoire de l’art à l’Université Carleton, j’ai poursuivi mon travail de mobilisation communautaire. J’ai rédigé un projet législatif afin d’inclure la Journée du souvenir trans dans le calendrier officiel de l’association étudiante; j’ai favorisé le dialogue entre la communauté GLBT et la police d’Ottawa; j’ai appuyé un centre de service comme lieu sûr tout en organisant plusieurs activités, depuis les discussions et ateliers aux autobus en fête, en passant par les semaines de la fierté gaie. J’ai même organisé des classes de yoga gratuites offertes par un instructeur sexy et doux, mais cela n’a pas bien marché.

Vers la fin de mes études, j’avais suivi le cours d’histoire japonaise le plus ardu et tous ceux d’art asiatique. Même lorsqu’il n’était pas question du Japon, je le ramenais sur le terrain. Dans les séminaires de quatrième année sur la modernité européenne, j’ai orienté la discussion sur le japonisme. Dans un cours sur l’histoire de la guerre au Moyen Orient, je me suis servi d’estampes japonaises pour parler de la glorification de l’armée dans la culture populaire. Mes études m’ont beaucoup aidé lorsque j’ai enseigné au Japon, car j’ai compris ma place d’homosexuel dans la société japonaise, une société qui a vite condamné la diversité des genres et de la sexualité après l’arrivée des valeurs sociales victoriennes, à la fin du 19e siècle et au début du 20e. Mais cette société doit maintenant se joindre aux nombreux pays modernes et changer son cadre législatif pour reconnaître, protéger et appuyer les LGBT.

En bref, le Japon a adopté une approche gouvernementale ad hoc sur tous les plans : des règlements sont créés parce qu’il faut qu’ils existent pour qu’on y déroge. Le tristement célèbre « article 9 » de la constitution japonaise de 1947, qui interdit de créer une armée institutionnelle, n’a jamais été appliqué. On a contourné la constitution en donnant à l’armée un autre nom, autorisant jusqu’ici l’Amérique à stationner des ressources stratégiques pour apaiser ses inquiétudes au sujet de la sécurité internationale. C’est cette approche ponctuelle qui place la communauté LGBT dans une situation que la psyché occidentale saisit difficilement. La mentalité japonaise est de ne pas dire, ni poser la question (la discrétion). Les homosexuels existent par refoulement, même si l’absence d’oppression écarte toute mobilisation énergique d’un mouvement de libération homosexuel. Cependant, ces dernières années, les attaques ont commencé des deux côtés, et la situation se dégrade. 

S’il est facile de critiquer le Japon qui tarde à reconnaître la diversité des genres et de la sexualité, le pays compte néanmoins plusieurs personnes de l’élite, des animateurs homosexuels de populaires émissions télévisées, qui sont adulés comme symboles sexuels ou respectés pour leur franchise digne de grands sages. Parfois, la frontière se brouille entre le fait de rire ensemble et de se moquer de quelqu’un, mais si l’on reste objectif, on constate que les travestis, l’amour pour les garçons et les onees (homosexuels très efféminés et transsexuels) sont très présents dans les industries de plusieurs milliards sans pourtant avoir acquis de reconnaissance sociale.

Malgré les efforts récemment déployés pour se montrer ouverts à l’homosexualité, la protection contre les crimes et les discours haineux, la chance d’adopter un enfant, l’assurance qu’on pourra accompagner son partenaire en cas d’extrême urgence médicale ne sont pas et ne deviendront pas de sitôt des acquis juridiques. Deux arrondissements de Tokyo, Shibuya et Setagaya, ont proposé en 2015 d’offrir des attestations de couple. Cette attitude rappelle la mentalité ponctuelle du gouvernement car ces attestations n’ont aucune valeur juridique. Elles confirment seulement que, par consensus communautaire, les attestations seront respectées. Cependant, les LGBT conservent un statut de seconde classe et ne reçoivent qu’une reconnaissance minime. C’est dans ce climat politique que j’ai rencontré mon mari.

Main dans la main sous les cerisiers en fleurs, nous rendant à la réception. Malgré ma grande expérience, j’étais encore embarrassé par tous les gens qui nous dévisageaient.​

J’ai célébré ce que les parents et amis appellent en riant « un faux mariage » au Japon, accompli avec toute la solennité requise. C’était le plus beau jour de ma vie, et pourtant mon statut légal n’a aucunement changé. Certains hôtels nous rejettent encore. Pour obtenir la reconnaissance de base à laquelle j’aspire, je dois encore retourner à l’hôtel de ville et payer environ 200 dollars pour que l’égalité de ma relation soit reconnue par la loi.

Plusieurs voient la « fierté gaie » comme un bain de débauche, et elle peut l’être parfois. Mais elle fait aussi entrer les récits homosexuels dans notre histoire commune. En comprenant les structures de genre et de sexualité propres à plusieurs cultures, époques et lieux géographiques, nous conceptualisons mieux le présent.

Le ROM présente Troisième genre : Les éphèbes dans les estampes japonaises jusqu’à la fin novembre 2016.