Célébration mexicaine de la fête des Morts au ROM

Posted: 28 octobre 2015 à 17 h 45 , by royal
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Photo de deux femmes devant une murale peinte

Célébration mexicaine de la fête des Morts au ROM

Chloë Sayer, commissaire invitée de l’exposition ¡Viva México! Costumes et culture et associée de recherche au ROM, est de retour à Toronto à l’occasion de la célébration mexicaine de la fête des Morts le 30 octobre.

Chloë est accompagnée d’Arturo Estrada, maître teinturier-tisserand connu pour ses rebozos en soie (châles rectangulaires pour femmes), et de Sergio Hernández, un artiste du papier. Vous pourrez les voir à l’œuvre jusqu’au 30 octobre dans la Galerie Roloff Beny au niveau 4.

Sascha Priewe, directeur de plusieurs centres de découverte du ROM (SP) : Nous sommes ravis que vous soyez des nôtres pour la célébration de la fête des Morts qui est d’ailleurs le thème de votre conférence au ROM. Le jour des Morts est une importante fête annuelle au Mexique. En fait, de quoi s’agit-il?  

Chloë Sayer (CS) : J’ai hâte de vous parler de la fête des Morts car cette célébration indissociable de la culture mexicaine est souvent incomprise à l’extérieur du pays. Il y a la commémoration des défunts, puis les œuvres d’art en argile, papier, bois, etc. qui représentent la Mort.

SP : Comment la fête est-elle célébrée?

CS : La Toussaint et la fête des Morts sont célébrées les 1er et 2 novembre. La fête s’enrichit de croyances et pratiques qui datent d’avant l’ère chrétienne. Les anthropologues ne s’entendent pas sur l’importance de la fusion entre l’avant et l’après J.C. Aujourd’hui, dans le centre et le sud du Mexique, les familles déposent des offrandes dans la maison à l’intention des âmes des disparus. On croit que les morts ont la permission divine de revenir sur Terre pendant cette brève période, ce qui permet aux vivants de leur témoigner amour et respect.

SP : Parlez-nous des offrandes.

CS : Des fleurs, de l’encens, des bougies mais aussi de la nourriture. Les âmes des enfants reçoivent des choses sucrées : chocolat chaud, brioches et figures en sucre. Les adultes se voient offrir des mets épicés et de l’alcool. Il convient d’offrir au disparu ce qu’il aimait de son vivant. L’âme se nourrit de l’essence de la nourriture et non pas de la nourriture même.

SP : Que peuvent apprendre les étrangers?

CS : Comme je le disais, cette fête est souvent incomprise et confondue avec l’Halloween. Les Mexicains me disent que la visite de leurs êtres chers leur apporte un sentiment de quiétude et de bien-être. On ne «  voit » pas les morts et on ne les « entend » pas, il n’y a pas de quoi donner la chair de poule. Après une réunion intime dans la maison, où les morts apprécient les offrandes, les familles se rendent au cimetière le soir du 1er novembre ou le lendemain matin. Il convient de souligner que c’est une manifestation communautaire. Au Royaume-Uni (où je vis), les gens se sentent souvent très seuls après la perte d’un être cher.

SP : Vous avez mentionné un autre aspect de la fête, celui de l’art populaire.

CS :  Cet aspect est lui aussi très important. Les artisans représentent la mort avec tous les matériaux imaginables : sucre, tôle peinte, argile, corne, papier... À l’origine les Mexicains n’avaient pas de scrupule à représenter la mort et il existe une riche tradition : des crânes aux orbites ornés de fleurs ou encore des squelettes accomplissant des activités de tous les jours. Vous pouvez acheter des squelettes cireurs de chaussures, des mariés et des secrétaires. C’est une interprétation moderne de la « danse macabre » du Moyen-Âge.

SP : La fête des Morts est-elle populaire à l’extérieur du Mexique?

CS : L’artisanat – les crânes et les squelettes – est extrêmement populaire à l’extérieur du pays. Mais, comme tous les Mexicains vous le diront, la mort est représentée avec humour, et aussi avec tendresse et, surtout, avec respect. Personne ne se moque de la Mort!

SP : Sergio Hernández est venu au ROM expressément pour la fête des Morts. Pourquoi?

CS : Dans sa ville natale de Metepec, dans l’État de Mexico, Sergio fabrique du papel picado. Il crée des banderoles en papier de soie multicolores aux motifs façonnés au burin ou ciseau. Ces banderoles ornent les autels aménagés dans les maisons à l’intention des défunts. Sergio travaille à la création d’un magnifique autel dans la Galerie Roloff Beny. Il va couvrir le mur de banderoles ornées de motifs floraux et d’autres associés à la mort. L’autel sera complet : encensoirs et anges en poterie, fleurs en papier, bols de nourriture (en argile et en papier, car nous sommes dans un musée), un verre d’eau et une assiette de sel. Ce sera magnifique!

SP : Merci Chloë. Nous sommes ravis que vous soyez de retour au Musée en compagnie de Sergio et d’Arturo.

Chloë Sayer donnera une conférence sur la célébration de la fête des Morts le 30 octobre à 18 h au Théâtre Signy et Cléophée Eaton, au Musée royal de l’Ontario. Gratuit (réservation obligatoire). Ouverture des portes à 17 h 30.

La conférence marque également le lancement du plus récent ouvrage de Chloë, Mexico: Clothing & Culture, qui accompagne l’exposition ¡Viva México! Costumes et culture. Il sera en vente ce soir-là.

Ne manquez pas la soirée consacrée à la fête des Morts de La Fièvre du vendredi soir @ ROM. Billets en vente après la conférence.

L’exposition ¡Viva México! Costumes et culture est présentée dans la Galerie Patricia Harris des textiles et du costume jusqu’au 23 mai 2016. #VIVAMex