Gros requin, grosse perte, gros impact : Les requins modifient le comportement des proies
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À propos
Jouez à ce jeu de simulation prédateur-proie avec vos élèves pour découvrir comment les grands requins influencent le comportement d’autres animaux dans leurs écosystèmes.
En partenariat avec le Réseau d’éducation-sensibilisation à la biodiversité
et le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario
Entrée en matière
Les élèves sont fascinés par les requins dangereux, mais ne connaissent peut-être pas le rôle clé qu’ils jouent dans les écosystèmes marins. Les populations de grands poissons prédateurs ont chuté de plus de 90 % au cours de la dernière décennie. Ce déclin pourrait avoir des effets d’entraînement graves sur les écosystèmes marins du Canada. Grâce à deux jeux de simulation, les élèves apprendront pourquoi les superprédateurs sont nécessaires au bon fonctionnement des écosystèmes.
Contexte
OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
- Analyser les conséquences positives et négatives de la chasse aux requins par l’homme dans les habitats marines
- Décrire le transfert d’énergie dans une chaîne alimentaire et expliquer les effets de la disparition des superprédateurs
- Recueillir des données en réalisant une expérience en lien avec l’environnement et noter les observations
- Lire et interpréter les données présentées dans un tableau ou un graphique et formuler des conclusions
Informations contextuelles
Les trois océans du Canada – l’Atlantique, le Pacifique et l’Arctique – abritent 41 espèces de requins, dont le requin-taupe bleu, le requin du Groenland, le requin dormeur, le requin-pèlerin, le requin-marteau commun et même le grand requin blanc ! Les requins jouent souvent le rôle de superprédateurs dans leurs écosystèmes en raison de leur grande taille et de la rareté de leurs prédateurs naturels. En tant que superprédateurs, les requins se nourrissent d’animaux situés en dessous d’eux de la pyramide alimentaire et contribuent au maintien de l’équilibre des écosystèmes marins. La plupart des requins ont un régime alimentaire varié et changent de proies lorsque certaines populations sont faibles. En se tournant vers des proies plus abondantes, ils contribuent au redressement des populations et empêchent les espèces abondantes de monopoliser une ressource limitée. D’autres se nourrissent de carcasses sur le fond marin. Les superprédateurs influencent également la répartition spatiale des espèces proies en les intimidant et en prévenant le surpâturage de certains habitats.
La triste réalité est que est le véritable superprédateur de l’océan c’est l’homme : il tue plus de 100 millions de requins chaque année. La pêche a réduit de 90 % les populations de grands requins prédateurs dans le monde au cours du siècle dernier. Les requins représentent aujourd’hui le plus grand groupe d’espèces marines menacées figurant sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Pourtant, seules trois des 350 espèces de requins (requin-pèlerin, requin-baleine et grand requin blanc) sont protégées contre les pressions exercées par le commerce international. Les autres espèces sont laissées pour compte ou considérées comme non prioritaires malgré leur vulnérabilité à la surpêche et le rôle important qu’elles jouent dans leurs écosystèmes. Au Canada, dix espèces de requins sont désignées comme étant en danger par le Comité sur le statut des espèces menacées au Canada (COSEPAC) : grand requin blanc, holbiche brune, requin-hâ, requin griset, requin bleu, requin-pèlerin, requin-taupe commun, aiguillat commun, requin-taupe bleu et aiguillat tacheté.
Certaines pêches visent directement les requins, mais d’autres capturent accidentellement des requins. L’expression « prises accessoires » désigne ces prises non intentionnelles. Les requins sont alors jetés par-dessus bord, souvent morts ou blessés. On estime que dix millions de requins deviennent chaque année des prises accessoires, soit près de la moitié du nombre total des prises de requins dans le monde entier.
Entre 26 et 73 millions de requins sont tués chaque année pour leurs ailerons (prises intentionnelles ou non) dans le monde. La consommation de la soupe d’ailerons de requin, autrefois un met raffiné et signe de prestige dans les cultures asiatiques, est en augmentation. Un seul bol de soupe peut coûter 100 $, ce qui fait des ailerons la partie du requin la plus rentable au plan commercial. Puisque le reste du corps du requin est moins précieux et encombrant, on retire les ailerons et jette les carcasses par-dessus bord. Cette pratique, qu'on appelle « pêche aux ailerons », n’utilise qu’entre 1 et 5 % du corps du requin. Cette pêche est interdite dans les eaux canadiennes depuis 1994.
En décembre 2011, le député canadien Fin Donnelly a déposé un projet de loi d’initiative parlementaire visant à interdire l’importation d'ailerons de requins au Canada. Le Canada importe environ 77 000 kilogrammes d’ailerons chaque année. La pêche aux ailerons est déjà illégale dans les eaux canadiennes, mais aucune loi n’empêche l’importation. Si l’embargo est mis en œuvre, les contrevenants s’exposent à une peine d’emprisonnement ou à une amende pouvant atteindre 100 000 dollars. Certaines municipalités de l’Ontario ont déjà pris des mesures en ce sens : Toronto, Oakville et Brantford ont interdit la vente d’ailerons. Le projet de loi a été rejeté en 2013 à 413 voix contre 138.
Ce qui suit est schéma simplifié de la chaîne alimentaire du Pacifique. Le phoque commun a un régime alimentaire varié, qui inclut le hareng du Pacifique et la goberge de l’Alaska. Le hareng du Pacifique est un poisson gras qui se tient près de la surface de l’eau et dont la population est largement dispersée. La goberge de l’Alaska est de plus grande taille, se trouve dans des eaux plus profondes et a une répartition plus continue. Les phoques se nourriront d’une espèce ou l’autre en fonction de la présence ou de l’absence de la laimargue du Pacifique. Bien que la laimargue du Pacifique se nourrisse de peu de phoques, sa simple présence modifie le comportement de ces derniers. La laimargue du Pacifique préfère les eaux profondes et, par conséquent, lorsque ce type de requin est présent, les phoques préfèrent chasser en eau peu profonde. Cette situation augmente le taux de mortalité du hareng et diminue celui de la goberge.
En l’absence de requins, les phoques augmentent leur consommation de goberge et diminuent celle de hareng. Cette situation provoque une augmentation de la population de hareng et une diminution de la population de goberge. D’autres animaux reliés à ces poissons dans le réseau alimentaire (qu’ils soient prédateurs ou proies) sont touchés par ces changements, ce qui provoque une réaction en chaîne.
Matériel et préparation
Matériel
- 200 jetons qui représentent le hareng (jetons de poker en plastique, bouts de papier de bricolage, etc.)
- 200 jetons qui représentent la goberge (jetons de poker en plastique, bouts de papier de bricolage, etc.)
- Un long bout de corde (ficelle, corde à sauter, etc.)
- 5 brassards (ou blouses, etc.)
- Tableaux de données pour la simulation 2 [Google Doc]
Préparation
Préparez cette simulation. Expliquez le régime alimentaire des phoques communs, notamment dans quelle mesure leur choix de proie dépend de la présence ou de l’absence de la laimargue du Pacifique.
Servez-vous de la corde pour diviser l’aire de jeu désignée en deux sections égales qui représentent les eaux de surface et les eaux profondes.
Répartissez de façon égale 50 jetons de goberge dans l’aire des eaux profondes.
Répartissez de façon inégale 50 jetons de hareng dans l’aire des eaux de surface.
En profondeur !
Suivi
Réunissez les élèves et passez en revue les conclusions.
- En quoi les deux versions de ce jeu étaient-elles semblables?
- En quoi étaient-elles différentes?
- Où les phoques préféraient-ils chasser, en eaux de surface ou en eaux profondes?
- Pourquoi ont-ils choisi cette partie de l’océan?
- Qu’est-il arrivé à la chaîne alimentaire lorsque le nombre de requins a diminué?
- Quel poisson avait le plus haut taux de survie lorsque les cinq requins étaient présents?
- Quel poisson avait le plus haut taux de survie quand seulement deux requins étaient présents?
Demandez aux élèves de créer une série de graphiques (en barres, linéaires, etc.) illustrant comment les populations des proies ont évolué en réaction aux changements dans les populations de prédateurs. La façon exacte de présenter les graphiques dépendra du niveau de votre classe. Voici une suggestion.
Une fois que les élèves auront représenté les données dans le diagramme, demandez-leur de les interpréter et de formuler des conclusions.
- Quelles ont été les conséquences du retrait des requins sur les populations de poissons ?
- Est-ce que toutes les populations ont eu le même comportement ?
- Pourquoi certaines populations ont-elles chuté tandis que d’autres ont augmenté ?
Activité complémentaire
Activité complémentaire : Gros requin, grosse perte, gros impact : Les requins sont des superprédateurs
Glossaire
Biodiversité : La variété de la vie sur Terre
COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada) : Comité qui désigne l’état de conservation des espèces sauvages au Canada et détermine quelles espèces qui sont à risque de disparaître
Durabilité : Capacité d’équilibrer les besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de subvenir à leurs besoins
Espèce enhissante : Espèce introduite par l'homme dans un écosystème où elle n'est pas originaire, et dont la population se propage rapidement au détriment des espèces locales
Pêche aux ailerons : Pratique qui consiste à découper les ailerons des requins et à remettre le reste de la carcasse à l'eau ; cette pratique utilise entre 1 et 5 % du corps du requin
Prise accessoire : Toute créature marine capturée accidentellement dans les engins de pêche destinés à d’autres espèces
Réseau alimentaire : Ensemble de chaînes alimentaires reliées entre elles au sein d’un écosystème
Superprédateur : Animal au sommet du réseau alimentaire, qui n’est la proie d'aucune autre espèce une fois adulte
UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) : Organisme international qui s’efforce de trouver des solutions aux défis environnementaux et publie la Liste rouge mondiale des espèces menacées, l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation des espèces