Un fleuron de la collection du ROM reproduit sur un timbre-poste
Marquer la fin du Ramadan
La fête de l’Aïd al-Fitr, ou Fête de la rupture du jeûne, est célébrée par les musulmans à travers le monde. Elle marque la fin du ramadan, le mois du jeûne du lever au coucher du soleil. Le ramadan est considéré comme le mois le plus sacré du calendrier islamique. Dans la croyance musulmane, c’est au cours de ce mois que l’archange Gabriel serait apparu au prophète Mahomet pour lui révéler le Coran. Chez les musulmans, le ramadan est un mois voué à l’introspection, la prière et la générosité.
La tradition voulant que les gens échangent des cartes de vœux à l’occasion de l’Aïd al-Fitr, Postes Canada a émis un timbre commémoratif pour souligner la fête sur lequel figure un remarquable bol dans la collection du ROM.
Bol en céramique peint à la main
Fabriqué en 1329 en Iran, sous le règne de l’Ilkhanat, ce bol en pâte de pierre (mélange de quartz, de verre et d’argile) est orné d’un décor bleu de cobalt, noir de chrome, turquoise cuivrée et violet de manganèse peint à la main sous couverte transparente. L’intérieur du bol porte une inscription bénissant son propriétaire et précisant la date de sa fabrication, soit le ramadan de l’an 729 (mois de juillet 1329).
Galerie
Inscriptions poétiques
Le creux du bol présente des entrelacs de fleurs à six pétales. Les côtés du bol sont décorés de bandes pointillées et colorées rehaussées de motifs circulaires servant de cadres à quatre plages d’inscriptions poétiques en persan qui se lisent comme suit :
Ô Maître ! Puissiez-vous posséder la raison,
la sagesse et l’intelligence
Puissiez-vous oublier les douleurs de ce monde
Lorsque votre faim vous met en appétit
Puissiez-vous savourer ce qu’il y a dans ce bol
Puissent les hauts cieux vous être favorables
Puissiez-vous être à l’abri du mauvais œil
Et ce fut écrit dans le mois sacré
du ramadan de l’an 729 [juillet 1329]
Le sens profond d’humanité qui imprègne ce bol n’a rien perdu de sa résonance. Le poème nous invite à oublier la tristesse qui nous habite et à manifester de la reconnaissance pour ce que nous avons. Il nous souhaite également bonne chance et protection. Le bleu étant une couleur de bon augure dans l’islam, l’artisan a donc choisi des couleurs susceptibles d’élever l’âme.
Charles T. Currelly, le fondateur du ROM, a acheté le bol à Paris en 1909 d’un galeriste arménien de bonne réputation. Reconnaissant la signification culturelle de l’artéfact associé au ramadan, Currelly n’a pas hésité à payer le prix élevé qui en était demandé. Il ne se doutait pas que l’objet de cet achat avisé serait reproduit sur un timbre-poste ! Le bol est exposé depuis l’ouverture des portes du ROM en 1914.
Fahmida Suleman
Fahmida Suleman est conservatrice des collections du monde islamique au ROM.