Un adolescent montréalais se classe parmi les photographes naturalistes de l’année

Lory-Antoine Cantin

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Photographie
Histoire naturelle

Auteur

Une photo de l'auteur, Colin Fleming.
Colin Fleming

Partie I

Au même titre que cordonnier et forgeron, photographe naturaliste semble faire partie des métiers transmis d’une génération à l’autre. Ce n’est pas le cas de Lory-Antoine Cantin, un Montréalais de 15 ans dont le portrait d’un renard avec des rongeurs dans sa gueule lui a valu une place convoitée parmi les participants du Photographe naturaliste de l’année 2024. 

Aucun des parents de Lory n’est photographe. Lorsqu’il a commencé à photographier des animaux, il lui a fallu convaincre ses parents de prendre sa nouvelle passion au sérieux. C’était au plus fort de la pandémie de la COVID-19, alors que nous étions tous confinés et que Lory n’avait que dix ans.

Il a commencé à photographier les oiseaux, sortant dès qu’il le pouvait. Il a rencontré d’autres photographes et ornithologues qui l’ont aidé à développer ses compétences et qui ont dit à ses parents que Lory démontrait un véritable talent pour la photo.

Selon Lory, il a fini par convaincre sa mère en l’emmenant voir une chouette lapone, qui se distingue par sa taille imposante et ses yeux jaunes. Elle a tout de suite compris l’attrait que la faune exerçait sur son jeune fils.

Chouette grise.

Partie II

Du coup, ses parents ont été gagnés à sa cause. En fait, ils ont accompagné Lory dans nombre de ses expéditions, notamment dans un parc provincial du Québec, où il a pris la photo primée d'un renard affamé.

Cette photo hors du commun est le fruit du hasard. Ce jour-là, Lory s’était levé à 4 heures du matin avec l’intention de photographier un ours, ce qu’il a fait. Mais sur le chemin du retour, il a été surpris par un renard qui marchait sur le bord de la route vers 9 heures, alors que la lumière était loin d’être idéale. Le renard s’est aventuré dans un coin d’ombre et Lory a pris la photo gagnante.

Le tout s’est déroulé en moins de dix minutes.

"Double aide"

Partie III

« La plupart de mes photos sont le résultat du hasard, admet Lory. Certaines des rencontres les plus magiques sont celles auxquelles on s’attend le moins.

Depuis sa maison de la rive sud de Montréal, Lory m’a parlé de son métier et de sa philosophie avant l’inauguration du Photographe naturaliste de l’année au ROM.

Ta photo du renard avec les rongeurs dans sa gueule me donne l’impression d’observer la nature à l’état brut. Mais je sais aussi que le renard t’a vu. Je suis donc curieux de savoir ce que tu considères comme une représentation authentique des animaux à l’état sauvage, et si la présence du photographe nuit à cette authenticité.

Étant si proche de la ville, je photographie constamment des animaux sauvages qui sont habitués aux humains. Si je veux photographier des canards, quelqu’un les nourrit, même si cela peut leur être nuisible.

Vous ne voulez pas changer le comportement d’un animal que vous prenez en photo. S’il vous voit, c’est très bien. S'il sait que vous êtes là, c'est bien. Mais s’il change complètement de comportement parce que vous êtes là, ce n’est pas une représentation fidèle de son comportement.

Avec qui discutes-tu de la photographie animalière ?

Grâce aux médias sociaux, je communique avec de jeunes photographes à travers le Canada, et quelques-uns aux États-Unis. C’est avec eux que je parle de photographie.

Il m’arrive d’accompagner d’autres photographes, mais les plus jeunes ont une vingtaine d’années. La plupart d’entre eux sont à la retraite.

En quoi ton approche diffère-t-elle de celle de photographes beaucoup plus âgés ?

Beaucoup d'entre eux prennent des photos pour s’amuser, et ils trouvent toujours les choses les plus folles. Ils captent des comportements insensés et vous vous demandez : « Quoi ? Comment avez-vous vu ça ? ». « Oh, en me promenant. » Alors que moi, je ne peux pas sortir autant, donc je vois beaucoup moins de choses. Donc, chaque fois que je sors, j'essaie de maximiser mes chances de voir quelque chose.
 

Un renard à l'heure d'or

Partie IV

Ton intention et ton approche varient-elles selon que tu te trouves dans la ville ou la nature ?

C’est très différent.

C’est le même animal, mais les comportements sont complètement différents. Et c’est justement cela que j’essaie de saisir en ville : la vie quotidienne, dure ou belle, de l’animal.

Qu’est-ce qui te motive ?

C’est le fait d’observer des animaux sauvages qui me donne envie de faire ce métier. Je le fais parce que j’aime le plein air. Je veux représenter ce que je vois et comment je le perçois.

Beaucoup de gens, surtout en ville, ne pensent pas à la faune et à la flore. Nous avons un immense milieu humide dans une zone industrielle qui est constamment menacé par le développement et dont personne ne se soucie. Pourtant, il abrite des espèces d’oiseaux remarquables.

Mais si personne ne les regarde, si personne ne les photographie, si personne ne sensibilise le public à leur existence, la construction et les immeubles de bureaux auront raison d’eux.

Tu apprécies la nature et tu aimes photographier les animaux, mais c’est aussi pour toi une sorte de vocation.

Amener quelqu’un à dire « Wow, je ne savais pas que la faune était aussi extraordinaire » et à se préoccuper davantage de notre planète et de la nature, telle est la raison pour laquelle je fais ce métier.

Cette conversation a été modifiée pour des raisons de longueur et de clarté.

Découvrez les photos de Lory sur Instagram et sur son site web.

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