Un mariage grec

Un vase attique orné de scènes de préparatifs de mariage
Un vase de la Grèce antique

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Art et culture
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Auteur

Paul Denis

Le mariage à Athènes il y a 2400 ans

La cérémonie du mariage à Athènes il y a 2400 ans se distingue nettement des cérémonies  qui sont les nôtres. C’est le père qui choisit le mari de sa fille, qui le rencontre pour la première fois lors de sa nuit de noces. Les célébrations sont réparties sur trois jours. Le premier, le proaulia, marque le passage de la mariée de l’enfance à l’âge adulte. Le deuxième, le gamos ou jour du mariage, commence par le bain nuptial de la mariée, qui est ensuite richement vêtue et parée de bijoux. Une fois le repas de noces terminé, le père lève le voile de la mariée et la donne à son mari. Les invités sont témoins de la légitimation de leur union. Les invités accompagnent ensuite le couple à travers les rues d’Athènes jusqu’à la maison du marié, leur nouvelle demeure. Le troisième jour, l’épaulia, parents et amis offrent des cadeaux aux nouveaux mariés. Les trois jours s’accompagnent de sacrifices aux divinités.

Un cadeau est particulièrement apprécié de la mariée : le lébès gamikos, un vase nuptial. Le ROM possède un groupe de fragments de céramique à figures rouges d’un lébès gamikos représentant des femmes préparant deux femmes en vue de leur mariage. Les fragments sont attribués au Peintre des baigneuses, actif à Athènes vers 420 avant notre ère. Peintre accompli de vases nuptiaux, il transformait des scènes de mariage traditionnelles en des narrations proposant plusieurs niveaux de lecture. 

L'interprétation de l'imagerie commence

La lecture de ce vase débute avec les deux femmes enlacées derrière la mariée assise. Il s’agit, à droite, d’Aphrodite, la déesse de l’Amour, et de sa compagne Peitho, qui personnifie la persuasion. Aphrodite regarde Éros, son fils, au-dessus de la tête de la mariée. L’index levé signifie qu’Aphrodite offre Éros (lire l’amour) en cadeau à la mariée. Peitho, qui fixe la mariée, utilisera son pouvoir de persuasion pour éliminer toute appréhension que peut ressentir la jeune mariée alors qu’elle s’apprête à entreprendre une nouvelle étape de sa vie.                                            

La femme devant la mariée qui tient un coffret dans chaque main joue un double rôle. Non seulement elle propose des bijoux à la mariée, mais l’enfant sur le couvercle de l’écrin fait allusion au garçon que la mariée souhaite donner à son mari – le cadeau le plus important qui soit dans un mariage athénien.

Détails d'un vase grec

À gauche, une deuxième mariée assise

Une deuxième mariée tenant une couronne se fait coiffer et offrir à manger. La tradition veut que la mariée mange peu de temps après son arrivée dans la maison de son mari, acceptant ainsi d’être placée sous sa tutelle. Elle deviendra la responsable de la sphère domestique. La femme tenant un calathos, une corbeille en forme de calice contenant de la laine, représente les tâches domestiques de la mariée, dont le tissage. 

La jeune mariée n’a aucun mal à déchiffrer le message que porte son vase nuptial. Dans un cadre idéal créé par le Peintre des baigneuses, où la mariée côtoie Aphrodite, Éros et Peitho, elle voit son futur à la manière d’une allégorie, passant de vierge à mariée, à mère et à femme de la maison. L’intimité féminine de la scène consacrée aux préparatifs de mariage (coiffure, parure et échange de cadeaux) fait écho à son expérience partagée du passage à une nouvelle vie. 

Paul Denis

Paul Denis est conservateur adjoint des collections grecques, étrusques, romaines et byzantines au ROM.

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