Un prédateur vieux de 506 millions d’années découvert par des paléontologues du Manitoba Museum et du ROM

Life reconstruction of Mosura fentoni, art by Danielle Dufault © ROM

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Communiqué de presse

Un prédateur vieux de 506 millions d’années découvert par des paléontologues du Manitoba Museum et du ROM

(Winnipeg, MB/Toronto, ON, le 14 mai 2025) – Des paléontologues du Manitoba Museum et du Musée royal de l’Ontario (ROM) ont découvert un remarquable prédateur de 506 millions d’années dans les schistes de Burgess, au Canada. Les résultats des recherches ont été publiés dans le périodique Royal Society Open Science.

Mosura fentoni avait à peu près la taille de votre index et était doté de trois yeux, de pinces articulées dotées d’épines, d’une bouche circulaire garnie de dents et de nageoires. Ces caractéristiques l’associent à la famille des radiodontes, aujourd’hui disparue, à laquelle appartenait Anomalocaris canadensis, un célèbre prédateur d’un mètre de long qui partageait les eaux avec Mosura.

Cela dit, Mosura possédait également une caractéristique qui lui était propre :  une région stomacale segmentée située sur la partie postérieure. 

« Mosura était doté de 16 segments denses tapissés de branchies sur la partie postérieure de son corps. C’est un excellent exemple de convergence évolutive avec des groupes actuels comme les limules, les limnorias et les insectes, qui ont en commun un groupe de segments porteurs d’organes respiratoires à l’extrémité du corps », affirme Joe Moysiuk, conservateur de paléontologie et géologie au Manitoba Museum et directeur de l’étude. 

La raison de cette fascinante adaptation reste à déterminer. Selon les chercheurs, elle serait peut-être reliée à une préférence en matière d’habitat ou à des caractéristiques de comportement de Mosura exigeant un système respiratoire plus efficace. 

Doté de larges nageoires et d’un abdomen étroit, Mosura a été surnommé le « papillon des mers » en raison de ses allures de papillon nocturne, d’où son nom scientifique qui fait allusion à la déesse japonaise des Kaiju, aussi appelée Mothra. Parent très éloigné des véritables papillons nocturnes, ainsi que des araignées, des crabes et des millipèdes, Mosura se situe sur une branche beaucoup plus basse de l’arbre évolutif de ces animaux regroupés sous le nom d’arthropodes.

« Les radiodontes furent le premier groupe d’arthropodes à se séparer de l’arbre évolutif, ouvrant de nouvelles perspectives sur les caractéristiques ancestrales de l’ensemble du groupe. Cette nouvelle espèce fait valoir que ces premiers arthropodes étaient déjà étonnamment diversifiés et que leur adaptation se compare à celle de leurs parents éloignés actuels », affirme Jean-Bernard Caron, conservateur Richard M. Ivey de la paléontologie des invertébrés au ROM et coauteur de l’étude.

Plusieurs fossiles de Mosura laissent voir des détails de l’anatomie interne, y compris des éléments du système nerveux, du système circulatoire et du tube digestif. 

« Très peu de sites fossilifères dans le monde offrent cette perspective sur l’anatomie interne. Nous voyons des traces représentant des faisceaux de nerfs oculaires qui auraient permis le traitement d’images comme chez les arthropodes actuels. Les détails sont stupéfiants », ajoute M. Caron. 

À la différence des humains qui ont un système clos composé d’artères et de veines, Mosura a un système circulatoire « ouvert » : le sang circule librement dans de grandes cavités appelées lacunes. Chez les fossiles, ces lacunes apparaissent comme des taches réfléchissantes qui remplissent le corps et se prolongent dans les nageoires. 

« Les lacunes bien préservées du système circulatoire de Mosura nous aident à interpréter des caractéristiques similaires, mais moins définies, observées dans d’autres fossiles. Leur identité a fait l’objet de controverse, de dire Moysiuk, qui est également associé de recherche au ROM. Il s’avère que la préservation de ces structures est répandue, confirmant l’origine ancienne de ce type de système circulatoire. » 

Des 61 fossiles de Mosura, tous sauf un ont été collectés par le ROM entre 1990 et 2022, principalement dans la carrière Raymond du parc national de Yoho en Colombie-Britannique. Certains proviennent de nouveaux sites autour de Marble Canyon dans le parc national de Kootenay, à 40 km au sud-est, où l’équipe du ROM a mis au jour de remarquables fossiles des schistes de Burgess, dont les radiodontes StanleycarisCambroraster et Titanokorys. Un spécimen jusqu’alors inédit de Mosura mis au jour par Charles Walcott, qui a découvert les schistes de Burgess, a également été analysé. 

« Les collections, anciennes et nouvelles, des musées sont une source intarissable de renseignements sur le passé. Vous pensez que vous avez tout vu ? Vous n’avez qu’à ouvrir un tiroir dans un musée pour vous détromper », affirme Moysiuk.

Les sites fossilifères des schistes de Burgess se trouvent dans les parcs nationaux Yoho et Kootenay, que gère Parcs Canada. Parcs Canada est fier d’aider des chercheurs émérites à enrichir notre savoir sur cette période capitale de l’histoire de la Terre et de faire connaître ces sites au reste de la planète grâce à des randonnées guidées qui ont remporté des prix. En 1980, l’UNESCO a inscrit les schistes de Burgess à son Patrimoine mondial en raison de leur valeur exceptionnelle pour l’humanité. Le lieu fait désormais partie du plus vaste site du Patrimoine mondial que sont les parcs des Rocheuses canadiennes.

De nombreux radiodontes sont présentés dans la Galerie Willner Madge de l'aube de la vie au ROM. Un spécimen de Mosura sera exposé pour la première fois au Manitoba Museum plus tard dans l’année. 

Au cours des 50 dernières années, le ROM s’est imposé comme chef de file en matière de la recherche dans les schistes de Burgess, mettant au jour des douzaines de sites fossilifères et de nouvelles espèces. Situés dans les Parcs des montagnes Rocheuses canadiennes, en Colombie-Britannique, ces sites sont riches en fossiles exceptionnellement bien conservés et présentent l’un des meilleurs dépôts au monde de la vie marine au Cambrien. La collection des schistes de Burgess du ROM, la plus importante au monde, contribue à la recherche internationale sur ces extraordinaires fossiles.

Illustration de Mosura fentoni : Danielle Dufault © ROM

« Early evolvability in arthropod tagmosis exemplified by a new radiodont from the Burgess Shale », Royal Society Open Science.  DOI https://doi.org/10.1098/rsos.242122

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