Une nouvelle espèce de dinosaure baptisée en l'honneur d'un grand Canadien

Des scientifiques du ROM identifient un dinosaure ayant vécu en Alberta


TORONTO, le 17 juillet 2017 – Des scientifiques du Musée royal de l’Ontario (ROM) et du Musée des dinosaures Philip J. Currie ont identifié une nouvelle espèce de dinosaure, qu’ils ont baptisée en l’honneur du paléontologue canadien réputé, Philip J. Currie.  Albertavenator curriei, qui signifie « le chasseur albertain de Currie », vivait en Alberta (Canada) il y a environ 71 millions d’années dans ce qui est aujourd’hui la célèbre vallée de la rivière Red Deer. Le nom choisi souligne les décennies de travail que Currie a consacrées aux dinosaures prédateurs d’Alberta. Les résultats des recherches sur la nouvelle espèce sont publiés le 17 juillet dans la Revue canadienne des sciences de la Terre

Life recreation of Albertavenator curriei.

Les paléontologues ont d’abord cru que les ossements d’Albertavenator appartenaient à Troodon, une espèce apparentée qui a vécu il y a environ 76 millions d’années, soit cinq millions d’années avant Albertavenator. Les deux espèces se déplaçaient sur deux pattes, étaient couvertes de plumes et avaient à peu près la taille d’un être humain. De nouvelles comparaisons des ossements du dessus de la tête ont cependant révélé que le crâne d’Albertavenator était plus petit et plus robuste que celui de son parent Troodon, célèbre pour son intelligence.

« Les ossements délicats de ces petits dinosaures à plumes sont rarissimes. Nous avons eu la chance de mettre la main sur un élément essentiel du crâne qui nous a permis de déterminer qu’Albertavenator constitue une espèce distincte, » a déclaré David Evans, titulaire de la chaire Temerty, conservateur principal en paléontologie des vertébrés au ROM et chef du projet. « Nous espérons découvrir un jour un squelette plus complet d’Albertavenator, qui nous en apprendrait davantage sur cet animal fascinant. »

L’identification d’une nouvelle espèce à partir de fragments fossiles constitue un véritable défi. Les centaines de dents découvertes isolément en Alberta, et précédemment attribuées à Troodon, n’ont pas facilité la tâche des chercheurs. Les dents d’une mâchoire ayant sans doute appartenu à Albertavenator sont ainsi très proches des dents de Troodon et ne peuvent donc pas être utilisées pour différencier les deux espèces.

« Notre découverte souligne l’importance de mettre au jour et d’analyser d’autres éléments du squelette de ces dinosaures très rares, » a conclu Derek Larson, co-auteur de l’étude et conservateur adjoint au Musée des dinosaures Philip J. Currie.

La découverte d’une nouvelle espèce de Troodontidae ayant vécu en Amérique du Nord à la fin du Crétacé montre que la diversité des dinosaures du Crétacé tardif a sans doute été sous-estimée en raison de la difficulté d’identifier de nouvelles espèces à partir de fragments fossiles.

« C’est uniquement grâce à des comparaisons anatomiques et statistiques approfondies des os du crâne que nous avons pu différencier Albertavenator et Troodon, » a déclaré Thomas Cullen, étudiant au doctorat sous la direction d’Evans à l’Université de Toronto et co-auteur de l’étude.

Les ossements d’Albertavenator ont été découverts dans les badlands entourant le Musée Royal Tyrrell. Philip J. Currie a joué un rôle-clé dans la création de ce musée au début des années 1980. Les roches autour du musée ont le même âge que le sol fossilifère du secteur où a été érigé le nouveau Musée Philip J. Currie, qui porte le nom du grand paléontologue. Même si plusieurs dinosaures ont déjà été nommés en hommage à Currie, Albertavenator est seulement le deuxième dinosaure de l’Alberta, où le travail du paléontologue a eu le plus d’impact.

Les fossiles d’Albertavenator étudiés par Evans et son équipe sont conservés dans les collections du Musée Royal Tyrrell. Voilà un autre exemple de découverte d’une nouvelle espèce de dinosaure grâce au réexamen des collections de recherche d’un musée. Un tel réexamen permet d’approfondir nos connaissances sur l’évolution de la vie sur Terre, et donne à penser que les fragments fossiles pourraient révéler l’existence d’autres espèces actuellement inconnues.

Référence complète :  
Evans, D.C., Cullen, T.M., Larson, D.W., et Rego, A.,  « A new species of troodontid theropod (Dinosauria: Maniraptora) from the Horseshoe Canyon Formation (Maastrichtian) of Alberta, Canada », Revue canadienne des sciences de la Terre
DOI : dx.doi.org/10.1139/cjes-2017-0034