Gros plan sur le génome de la sangsue médicinale

Une étude jette une lumière nouvelle sur la puissance des anticoagulants dans la salive des principales sangsues utilisées à des fins thérapeutiques

HIRUDO MEDICINALIS

TORONTO, le 18 juin 2020 – Les conclusions d’une nouvelle étude publiée cette semaine dans la revue Scientific Reports ouvrent de nouvelles perspectives sur l’utilisation de sangsues médicinales en milieu hospitalier.

Une équipe internationale de chercheurs travaillant sous la direction de Sebastian Kvist, scientifique du Musée royal de l’Ontario (ROM), a publié les résultats de ses travaux sur le séquençage du génome de Hirudo medicinalis, une sangsue d’Europe à laquelle on a le plus souvent recours en médecine. L’équipe s’est intéressée à la gamme des anticoagulants que code le génome de l’animal. Les résultats obtenus pourraient exercer une influence profonde sur l'exploitation des sangsues à des fins thérapeutiques.

Les sangsues médicinales sont utilisées de longue date pour soigner diverses maladies. Avant l’avènement de la médecine moderne, l’usage des sangsues était basé sur des hypothèses sans fondement voulant notamment que la santé repose sur l’équilibre des quatre « humeurs » : le sang, le phlegme, la bile jaune et la bile noire. On croyait que la saignée, souvent en posant des sangsues vivantes sur le patient, permettait de rétablir l’équilibre.

Deux espèces de sangsues, Hirudo verbana et Hirudo medicinalis, servent à des pratiques thérapeutiques parfaitement scientifiques, plus particulièrement la réimplantation d’un doigt ou une greffe de peau. La puissance des anticoagulants dans leur salive est inégalée et peut contribuer à décongestionner les veines gorgées de sang après une intervention chirurgicale et favoriser la guérison des vaisseaux sanguins. La gamme complète des composés de la salive des sangsues médicinales qui permettent d’obtenir ces résultats nous était jusqu’ici inconnue.

« Chose incroyable, la sangsue utilise 15 protéines différentes connues pour empêcher le processus de coagulation chez les vertébrés et 17 autres protéines qui font sans doute partie du même processus freinant la coagulation », affirme Sebastian Kivst, spécialiste de la biologie évolutive et conservateur des invertébrés au ROM. M. Kivst est également professeur à l’Université de Toronto et le commissaire principal de l’exposition primée du ROM Soif de sang : des créatures légendaires aux sangsues.

« Ces résultats dépassent de loin nos espérances et les conclusions de cette étude permettront aux médecins de mieux comprendre quand et comment il convient d’utiliser les sangsues à des fins thérapeutiques », ajoute-t-il. Selon Mark Siddall, auteur principal de l’article et conservateur des annélidés et des protozoaires à l’American Museum of Natural History de New York, Hirudo medicinalis (le troisième génome de sangsue à être séquencé) fournit d’importantes données comparatives pour comprendre l’évolution de l’hématophagie chez l’animal.

« Il est étonnant que l’espèce de sangsue médicinale la plus utilisée et la plus connue dans le monde n’ait pas avant fait l’objet d’une étude de cette envergure, de dire Siddall. L’étude offre un regard critique sur l’évolution de l’hématophagie chez les sangsues et jouera un rôle important dans les futurs travaux de recherche. »

Outre Sebastian Kvist et Mark Siddall, l’étude sur le séquençage du génome a mis à contribution Alejandro Manzano-Marín (DoME, Université de Vienne), Danielle de Carle (Musée royal de l’Ontario et Université de Toronto, Canada) et Peter Trontelj (Université de Ljubljana, Slovénie).

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Voir Kvist, S., Manzano-Marín, A., de Carle, D., Trontelj, P. et Siddall, M.E., Draft genome of the European medicinal leech Hirudo medicinalis (Annelida: Clitellata: Hirudiniformes) with emphasis on anticoagulants, dans Scientific Reports, sous presse.

Photo: Sangsue médicinale d'Europe, Hirudo medicinalis. Photo : Mark Siddall

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