Des Martiens parmi nous

Posted: 2 décembre 2015 à 15 h 25 , by ROM
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Mars Meteorites

Avec le ROM qui annonce l’acquisition de trois nouvelles météorites martiennes pour sa collection de réputation internationale, la NASA qui découvre la présence d'eau salée qui coule à la surface de Mars sans oublier le succès du film hollywoodien « Seul sur Mars », il convient de s’intéresser de près à la Planète rouge. Il est d’ailleurs possible de le faire ici au ROM, puisque nous sommes l’un des plus grands collectionneurs de roches martiennes AU MONDE! Sur les 100 météorites martiennes qu’on a trouvées sur Terre, le ROM compte 22 spécimens, dont 12 « masses principales », soit le plus gros morceau connu d’une météorite. Plusieurs de ces fragments de météorites ont été acquis et donnés par David Gregory, associé de recherche au ROM, qui est passionné de météorites depuis une visite scolaire au ROM il y a plusieurs années. Voici quelques questions concernant nos météorites qui reviennent le plus souvent.

Comment savons-nous qu’elles proviennent de Mars ?

Il y a plus de 30 ans, les scientifiques essayaient de comprendre la météorite qui avait été retrouvée dans l’Antarctique. Ils avaient d’ailleurs remarqué des veines noires et des taches, qui s’avéraient être du verre. Celui-ci ne ressemblait pas au verre que nous utilisons dans les fenêtres ou les bouteilles, mais il s’agissait bien d’un type de verre naturel formé par la fusion et le refroidissement rapides de certains minéraux comme le feldspath, qui apparait dans cette météorite. C’est souvent une pression très intense, mais brève qui donne naissance à ce type de verre : une onde de choc qui se propage dans la roche. On sait que ces types d’ondes de choc se produisent lors des impacts d’astéroïdes, car ce type de verre est souvent présent dans d’autres types de météorites.

Météorite martienne ayant de petites fissures remplies de verre noir formé lors de l’impact
Photo de  Natural History Museum

C’est la présence de petites vésicules – de poches – qui distingue ce verre et contient, d’après des analyses détaillées, du gaz. Évidemment, le hasard a voulu (ce qui arrive souvent en science) que les deux sondes Viking lancées par la NASA aient atterri sur Mars en 1976 et y aient effectué des mesures de la composition de l’atmosphère. Les gaz extraits de la mystérieuse météorite étaient identiques aux gaz tels que le néon, l’azote, l`argon et le dioxyde de carbone mesurés sur Mars. Du coup,  les chercheurs ont réussi à identifier la source de cette roche mystérieuse. Cinq autres météorites martiennes ont, depuis, donné les mêmes résultats, ce qui confirme le diagnostic initial.

Modèle de l'atterrisseur Viking 1 et 2 de la NASA.

Photo de la NASA, JPL-Caltech, Université d’Arizona

Prise par l’atterrisseur Viking 1 après s’être posé sur Mars, cette photo est la première à avoir été prise de la surface de Mars : le 20 juillet 1976.

Photo de la NASA

Comment sont-elles parvenues jusqu’à nous?

La manière dont elles sont parvenues ici est évoquée à la première question. L'énergie libérée lors de l'impact d’une grosse météorite ou d’un astéroïde avec la surface d’une planète est colossale et peut être de l’ordre de plusieurs millions de kilogrammes par mètre carré. La libération instantanée de l’énergie, dès l’impact, crée les ondes de choc mentionnées plus haut. Si la surface de l’impact est assez petite, cette énergie peut littéralement projeter dans l’espace du matériel rocheux. La planète Mars étant moitié moins grande que la Terre, sa gravité est plus faible. Il est donc plus que probable que les roches martiennes sur Terre ont été expulsées de la surface de Mars lors d’un impact violent et, par chance, sont arrivées sur Terre où nous les avons découvertes.

Impact d'astéroïde sur Mars

Photo de Planetary Science Research Discoveries

Image of asteroid approaching Mars.

Photo du Daily Mail

Combien sont-elles?

Le nombre total de météorites martiennes changent régulièrement parce qu’on en découvre presque chaque année. Il y a actuellement plus de 100 roches martiennes sur notre planète.

De quoi sont-elles constituées?

Tout comme les roches de la Terre, celles de Mars varient. Il existe trois grands types : les shergottites, les nakhlites et les chassignites. Ces noms proviennent des localités, c’est-à-dire de l’endroit où elles ont été découvertes en premier, Shergotty, en Inde; Nakhla, en Égypte et Chassigny, en France. Ces trois types varient selon leur composition minéralogique, mais ce qui est intéressant, même si elles proviennent de loin, c’est qu’elles sont étonnamment semblables aux roches terrestres. Elles se composent de trois minéraux principaux : des pyroxènes, des feldspaths et, en quantités variables, d’olivine. Les roches terrestres composées de ces minéraux sont généralement qualifiées de « roches mafiques », un acronyme utilisé pour décrire des roches très riches en minéraux comme le magnésium et le fer. D’ailleurs, les croûtes des quatre planètes telluriques – Mercure, Vénus, le système Terre-Lune, et Mars – sont toutes constituées de roches mafiques. On peut donc dire, au moins en partie, que les quatre planètes telluriques sont toutes formées des mêmes types de matériaux.

 

L’astromobile Curiosity de la NASA a pris cette photo avec la caméra Mastcam au sol 118.

Photo de la NASA

Pourquoi sont-elles si importantes?

Il est possible de mieux comprendre la Terre grâce aux échantillons extraterrestres. Nous connaissons bien notre planète : sa formation, sa composition, son fonctionnement, mais la plupart de ce savoir est théorique et a besoin d’être constamment révisé au fur et à mesure que nous en apprenons plus. C’est en étudiant la formation d’autres planètes que nous réussissons à avoir un point de référence, à comparer, à établir des contrastes, et à vérifier ces théories. Nous faisons des hypothèses. Quelque chose de semblable est-il arrivé ailleurs dans le système solaire? S’est-il passé un autre phénomène complètement différent auquel nous n’avions pas pensé? Il serait bon de savoir à quoi s’attendre – géologiquement parlant – quand on parle évidemment de plus en plus d’envoyer des humains sur la planète Mars, et même de la coloniser. Pour survivre sur Mars, une colonie aura éventuellement besoin d’extraire toutes ses ressources de la surface de la planète. Est-ce possible? Il n’y a qu’une façon de le savoir : en étudiant les roches!

Kim Tait, conservatrice en minéralogie du ROM

La collection de minéraux, de pierres précieuses et de météorites du ROM est exposée dans les Galeries Teck : Les richesses de la Terre. Les visiteurs peuvent apporter leurs échantillons de météorites, roches, minéraux, pierres précieuses et fossiles en participant à la clinique d’identification du ROM le 9 décembre 2015 à 16 h. Venez voir la collection de météorites du ROM pendant les fêtes au ROM du 26 décembre 2015 au 3 janvier 2016.