Des scientifiques identifient un nouveau prédateur des mers préhistoriques aux épines bien garnies

Des chercheurs du Musée royal de l’Ontario et de l’Université Yale donnent un nom à une nouvelle espèce de chétognathe du Cambrien

TORONTO, le 3 août 2017 – Des scientifiques ont identifié un petit prédateur marin qui sillonnait le plancher océanique et piégeait ses proies dans les 50 épines déployées sur sa tête.

Capinatator praetermissus, cet animal d’un autre âge mesure environ dix centimètres de long et forme un nouveau genre et une nouvelle espèce. Des espèces contemporaines qu’on retrouve dans le plancton actuel lui sont apparentées. Les chercheurs du Musée royal de l’Ontario et de l’Université Yale fondent leur identification sur 50 spécimens, découverts dans les schistes de Burgess, riche gisement de fossiles situé en Colombie-Britannique.

Capinatator praetermissus en train de nager et de se nourrir
Animation de Lars Fields
© Musée royal de l’Ontario

Derek Briggs, titulaire de la chaire G. Evelyn Hutchinson de géologie et de géophysique à l’Université Yale et conservateur du Musée Peabody d’histoire naturelle de la même institution. Le Pr Briggs est l’auteur principal d’une étude sur cette découverte, rédigée en tandem avec Jean-Bernard Caron et publiée dans Current Biology.

Jean-Bernard Caron, conservateur principal de paléontologie des invertébrés au Musée royal de l’Ontario, et professeur agrégé à l’Université de Toronto, a pour sa part déclaré : « Cette nouvelle espèce était un excellent prédateur, ainsi qu’un véritable cauchemar pour beaucoup de toutes petites créatures qui peuplaient l’océan à l’époque. »

Les chétognathes sont de petits carnassiers marins très mobiles à la forme fuselée. On en dénombre environ 120 espèces de nos jours et le groupe constitue un embranchement distinct du règne animal. Capinatator est l’un des plus grands chétognathes connus parmi les espèces existantes ou fossiles. Il y a plus de 500 millions d’années, Capinatator était sans doute l’ancêtre des petits chétognathes qui pullulent aujourd’hui dans l’océan et forment une large partie du plancton mondial et de la chaîne alimentaire océanique.

Selon les chercheurs, la tête de Capinatator avait une configuration unique. Dotée de 25 épines environ de chaque côté, cette espèce en possédait près du double de celles qu’on dénombre chez les chétognathes contemporains. Capinatator capturait ainsi ses proies en refermant sur elles les deux moitiés du piège, pendant qu’il nageait.

Selon les Pr Briggs et Caron, s’il est assez courant de trouver des épines de chétognathes fossilisées, découvrir un ver complet est extraordinairement rare. Or, beaucoup de spécimens de Capinatator examinés dans le cadre de leur étude présentaient encore des traces de tissus mous.

Ces fossiles des schistes de Burgess gardent des traces d’organes, tels l’intestin et les muscles, en plus de leurs épines recourbées, plus lentes à se décomposer, explique le Pr Briggs. Ces spécimens prouvent que les chétognathes prédateurs ont évolué durant la formidable diversification de la vie marine survenue au Cambrien, et qu’ils constituaient un maillon important dans certains des écosystèmes marins primitifs. »

Le nom latin de l’espèce, praetermissus, signifie « passé inaperçu ». Le terme Capinatator est dérivé des mots capio, « agripper », et natator, « nageur ».

Illustration of Capinatator head

Le matériel employé pour cette étude a été recueilli par le Musée royal de l’Ontario à l’occasion de diverses expéditions, effectuées avec la permission de Parcs Canada. Il est conservé dans les collections du Musée. Les schistes de Burgess, site où abondent les fossiles, se trouvent dans les parcs nationaux Yoho et Kootenay. Parcs Canada en assure la protection et œuvre avec des scientifiques de renom afin d’enrichir nos connaissances et de nous aider à mieux comprendre cette période cruciale de l’histoire de la Terre. Les schistes de Burgess ont été classés « site du patrimoine mondial » par l’UNESCO en 1980.

Ces recherches ont pu être réalisées grâce à des fonds de l’institut d’astrobiologie de la NASA et du Programme de subventions à la découverte du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, à une bourse d’étude scientifique du Fonds des reproductions du ROM et à une subvention du Fonds fiduciaire de bienfaisance Louise Hawley Stone pour les publications.

 

Référence complète
A large Cambrian chaetognath with supernumerary grasping spines
Derek E.G. Briggs, G. Evelyn Hutchinson Professor of Geology and Geophysics Curator, Yale Peabody Museum of Natural History, and Jean-Bernard Caron Senior Curator of Invertebrate Palaeontology, Royal Ontario Museum, Current Biology

DOI# 10.1016/j.cub.2017.07.003

Autre documentation en ligne
Blogues du ROM : Une nouvelle espèce de chétognathes des schistes de Burgess  
Site web : Les schistes de Burgess, Musée virtuel du Canada, Musée royal de l’Ontario et Parcs Canada
Musée royal de l’Ontario : Projets sur les schistes de Burgess
Musée royal de l’Ontario : Aperçu de la Galerie de l’Aube de la vie

MÉDIAS
David McKay, coordonnateur des communications
Musée royal de l’Ontario
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